Acquisition de deux œuvres de Kerga pour le musée des Jacobins

Les collections du musée de Morlaix viennent de s’enrichir de deux nouvelles œuvres.

Il s’agit de deux représentations, encre et aquarelle sur papier, du peintre Charles de Kergariou, dit Kerga. Sans doute peintes entre 1919 et 1939, elles représentent la vieille église de Henvic et la chapelle de l’île Callot.
Cet achat en vente publique, effectué à Lorient, a été réalisé par l’association des Amis du musée, un mécène privé et par la Ville de Morlaix. Il a été rendu possible grâce au signalement du coordinateur de l’association « Les Amis de Kerga », Etienne de Kergariou.

L’artiste

Charles de Kergariou est né en 1899 au château de Lannuguy, à Saint-Martin-des-champs. Il est le fils de René de Kergariou, issu d’une famille bretonne implantée dans le Léon et le Trégor, et d’Eliza Suzan Clarke, née à Garlan, issue d’une famille britannique installée à Garlan. Il meurt à Paris en 1956 à l’âge de 57 ans après avoir contracté la tuberculose. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise. Kerga a marqué la mémoire des gens qui l’ont connu par son originalité. Coiffé du kalaboussen des goémoniers, roulant sur son vélo-remorque, un triporteur tirant une mini roulotte qui contenait son attirail de peintre errant, il ne passait jamais inaperçu. C’était un homme libre, rebelle et fantasque, indépendant et autodidacte.

Les œuvres

Le projet scientifique et culturel du musée, élaboré en 2016, s’appuie sur la thématique des paysages de la baie de Morlaix et veut créer un lien fort entre le territoire et les collections.
En ce sens, Kerga est un artiste en total accord avec la politique d’acquisition développée par le musée de Morlaix. Mais, jusqu’à aujourd’hui, ses oeuvres manquaient cruellement aux collections du musée des Jacobins !
Une coupure de presse, sans mention d’auteur et sans titre, parue le 11 novembre 1924, très probablement dans Ouest-Eclair, rendait compte d’une exposition de Kerga venant d’être inaugurée à Brest. Cet article permet de supposer que ces deux représentations de la chapelle de Callot et de la vieille église de Henvic avaient été réalisées pour cette exposition, au tout début de la carrière de l’artiste. Cette première exposition personnelle, s’était tenue à la galerie d’Anna Saluden à Brest.

Voici un extrait de l’article en question :

« Je viens de voir à la galerie Saluden, rue Traverse, l’exposition du peintre « Kerga », abréviation dont il signe ses oeuvres, et je les ai trouvées fort jolies. Ce ne sont pas des oeuvres d’avant-garde, autour desquelles on discute passionnément, c’est de la peinture gentiment exécutée par un artiste qui sent profondément le charme des vieilles choses de Bretagne, et qui l’exprime avec bonheur. C’est surtout un décorateur. Le peintre asservit le sujet qui lui est offert par la nature à son principe décoratif et en tire des effets stylisés qui rappellent des bois gravés qui seraient rehaussés d’encres colorées et d’aquarelle gouachée. Il obtient ainsi des oppositions de tons du meilleur effet. Il se complait dans l’interprétation des dolmens, des menhirs du pays breton, des vieux manoirs entourés d’arbres au tronc noueux, de rochers aux aspects puissants, des vieilles églises et des ciels tourmentés. L’ensemble de l’exposition est des plus agréables en raison de la grande variété des tons et des lignes ».

Le musée de Morlaix, qui a l’appellation « Musée de France » du ministère de la Culture, doit recevoir la validation du Service des Musées de France pour ses acquisitions. Pour cette opération, l’avis rendu a été favorable.

Le musée possède déjà une autre œuvre de Kerga, un linoléum sculpté en relief datant de 1935, intitulé La Bretonne, enseigne publicitaire pour une coopérative agricole fondée en 1910.